Le spleen est grave à la mode, c’est pas compliqué de pleurer dessus

La musique est un lieu de l’expression des sentiments. Le rap ne déroge pas à cette règle. Parfois rageur, hargneux, contemplatif, triste, heureux, le rap évoque une multitude de sentiments. En ce début d’année 2020, Laylow et Dinos se sont emparés de ce sentiment appelé spleen avec brio.

« Je me demande sans cesse à quoi bon ceci, à quoi bon cela ? »

Ok, le spleen est à la mode. Mais qu’est ce que le spleen ? C’est d’abord un anglicisme qui se traduit littéralement par « rate », soit l’organe se situant grossièrement entre le pancréas et le cœur. Si vociférer « LA RATE N’EST PLUS A LA MODE, C’EST PAS COMPLIQUE D’ÊTRE HEUREUX » à chaque fois que Tout oublier d’Angèle fait vibrer vos tympans ne fait désormais aucun sens, c’est normal : c’est que la traduction du spleen est polysémique.

Pour comprendre le lien entre la rate et la mélancolie, il faut s’intéresser à Hippocrate. Au Vème siècle avant Jésus-Christ, ce médecin grec élabore la théorie des humeurs qui lie le corps à l’esprit. Selon Hippocrate, le corps humain abrite quatre éléments – le feu, l’eau, l’air et la terre – dont l’équilibre entre eux garantit la santé physique et mentale de l’individu. Ce primordial équilibre est conditionné par quatre « humeurs », des fluides qui parcourent notre corps. Ces fluides ne sont autres que le sang, la pituite, la bile jaune et la bile noire. C’est cette dernière qui nous intéresse. En effet, si le sang est le produit du cœur, la pituite créée par le cerveau et la bile jaune fabriquée par le foie, la bile noire provient de … la rate. La théorie des humeurs nous explique ceci : produite en excès, la bile noire serait à l’origine d’un sentiment que l’on appelle la mélancolie. Ainsi, pour copier le leitmotiv des chaînes de tonton le complotiste, TOUT EST LIE : spleen = rate = bile noire = mélancolie.

Là où nous, françaises et français, pouvons crier « cocorico », c’est que notre héritage culturel comprend probablement l’auteur du spleen le plus célèbre au monde : Charles Baudelaire. En 1857, Baudelaire publie après plus de dix ans de travail son œuvre majeure, celle qui occupe encore une place importante dans l’histoire de la littérature : Les Fleurs du Mal. Pourtant, à sa sortie, l’ouvrage fait scandale. Il finira même devant les tribunaux pour offense à la morale publique et aux bonnes mœurs – délit pour lequel il sera condamné – et offense à la morale religieuse. Une belle époque, n’est-ce-pas ?

Reste à savoir pourquoi Les Fleurs du Mal a provoqué tant de troubles. Pour l’opinion comme pour la loi, l’ouvrage est jugé trop sombre et traite de sujets contraires aux dogmes de l’époque. Charles Baudelaire y relate une aversion pour la vie et bon nombre de choses qui la composent, et témoigne d’un profond sentiment de tristesse et de mélancolie. Pour décrire ce qui est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre, Le Figaro parle même : « d’hôpital ouvert à toutes les démences de l’esprit, à toutes les putridités du cœur ».

Face à l’incompréhension générale, Charles Baudelaire garde le cap et se justifie comme il le peut. Le spleen, c’est l’expression de la finitude de notre existence, l’irrationalité de notre quête de sens dans un monde qui en est dénué. C’est l’expression la plus sombre du doute et de la tristesse qui en découle. Le spleen, c’est un filtre sur le quotidien. Un filtre fade, atone, insipide qui transforme n’importe quel motif de plaisir ou d’espoir en un objet quelconque. Si bien que désormais, chaque parcelle de la vie est soumise à cet éternel questionnement : est-ce que tout cela a un sens ? Dans une lettre à sa mère où il confie son désarroi et sa fatigue après des mois de procès et de combat pour prouver au monde que son œuvre – sa place dans la littérature, Charles Baudelaire écrit ces mots :

« Je me demande sans cesse à quoi bon ceci, à quoi bon cela ? C’est le véritable esprit du spleen. ».

Charles Baudelaire
Laylow dans le clip de Ciudad

TRINITY de Laylow ou la noirceur comme étendard

En 2018, Laylow commençait l’EP .RAW-Z avec ces mots :

Hello, mélancolie hello
Passe à la casa bébé, j’suis là
Ramène la sson-boi, on s’met minable
J’voulais écrire des sons positifs, mais j’crois qu’y’en a aucun dans mon dix titres.
.RAW-Z c’est la BO de ton suicide
C’est tellement triste qu’la météo s’fait du soucis.

dans Hello .RAW-Z

Prometteur, n’est-ce-pas ? Laylow est un OVNI sur la scène rap. Un OVNI particulièrement doué pour transmettre un message à travers un texte mais surtout une ambiance. Son album TRINITY, sorti en février 2020, en est la preuve. Le rappeur toulousain y met en scène une histoire d’amour entre lui et un « logiciel de stimulation émotionnelle », appelé Trinity en référence à la saga Matrix, qui lui permet d’explorer différentes émotions dans un monde qu’il rejette. C’est ce que l’on comprend dès le deuxième son DEHORS DANS LA NIGHT où Trinity s’adresse à Laylow par ces mots : « Vous semblez mélancolique ce soir. Que diriez-vous d’un programme d’entraînement ? ». Trinity est ainsi faite pour stimuler Laylow, pour essayer de le sortir de sa mélancolie, de son spleen.

Le couple passe par plusieurs phases : la séduction puis l’adrénaline d’une rencontre physique avant de connaître la surchauffe de deux êtres qui se conclut par la noyade dans la violence, la mélancolie et la tristesse de Laylow.

Je créé puis je casse tout, c’est merveilleux
J’me détruis un peu chaque jour, c’est ma vie
Tu n’verras que la flamme qui brûle dans mes yeux
J’me détruis un peu chaque jour, c’est merveilleux

dans BURNING MAN, en featuring avec Lomepal

Submergé par le monde qui l’entoure, conscient de sa fatalité et lassé par sa compagne, Laylow se déconnecte de Trinity et décide de se confronter au monde réel qu’il fuit tant. Sans son logiciel de stimulation émotionnelle, Lay finit par se perdre et plonge d’autant plus dans la mélancolie.

J’traîne ma peine comme tous ces mélancoliques anonymes
J’ai la vingtaine mais j’suis triste dans un Merco-Benz

dans MILLION FLOWERS

Dans cette vie ou dans une autre, c’est trop la merde
J’ai d’l’ambition mais mes problèmes me ramènent
Sans cesse aux même vices, qui tournent en boucle dans tous les tieks
Les mecs me disent : « t’es chaud Laylow, lâche pas Laylow, c’est net » « Laylow, c’est net » mais si là, j’m’arrête, qu’est c’qui s’passe ? Qui va parler d’moi ? Quel sera l’poids d’mon existence ?
Pourquoi j’taff depuis tout c’temps ? Pourquoi j’y crois comme un gosse ?
[…]
J’raconte cette life, si triste, si pénible
J’me délivre seulement quand j’me noie

dans NAKRé

Au delà de la plume dont nous venons de parler, la mélancolie de Laylow se retranscrit par l’ambiance générale de TRINITY. Basses hyper-présentes et saturées à souhait, autotune quasi-systématique et parfois tout aussi saturée que les basses, Laylow nous plonge dans un monde où la seule couleur que l’on distingue est un noir pesant et sans-espoir. Cette noirceur que l’on ressent à l’écoute de l’album est intelligemment retranscrite dans les clips de POIZON, MEGATRON et TRINITYVILLE : la quasi-totalité des scènes se déroulent la nuit ou dans des décors obscurs.

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Charles Baudelaire dans Quand le ciel bas et lourd

TRINITY témoigne d’un spleen profond, inquiétant voire dérangeant. L’œuvre de Laylow nous fait plonger dans les entrailles d’une vie floue où se côtoient colère, dégoût, anxiété, et une fatalité si présente qu’elle en devient étouffante pour le sujet comme pour celui ou celle qui l’écoute. Le spleen décrit n’est pas explicite dans les mots mais on le ressent grâce à l’ambiance créée par Laylow qui nous injecte son son POIZON en intraveineuse. La question qui demeure est : qu’est-ce que cet album nous apprend du spleen ?

D’abord, le sentiment si particulier est un phénomène conscient. La tristesse, la mélancolie, la colère parfois la haine peuvent être inconscientes. Elles peuvent devenir spleen uniquement quand le sujet s’en empare et décide d’y trouver un sens tant bien que mal. En somme, le spleen pousse à la réflexion – parfois basses – sur soi comme sur ce qui nous entoure.

Ensuite, l’album de Laylow montre la difficulté de se défaire de ce spleen. Il est par ailleurs plus juste de parler d’impossibilité plutôt que de difficulté. TRINITY se termine par LOGICIEL TRISTE, un son où Laylow semble baisser les armes face à sa tristesse grandissante suite à sa déconnexion avec son logiciel de stimulation émotionnelle. Au-delà de l’abandon, Laylow accepte son sort et dit avoir la sensation d’être lui même un logiciel, reniant ainsi toute part de liberté et d’humanité. Le spleen l’a donc touché pour finalement le dévorer tout entier.

Taciturne de Dinos ou la recherche d’un idéal impossible

En voilà un autre qui a dû se faire graille tout crû par le spleen. Tant mieux pour nous, tant mieux pour le rap. Fût un temps où Dinos se faisait appeler Dinos Punchlinovic et où au lieu de déverser son spleen, il préférait ruiner des MC dans Rap Conterders devant les regards amusés de Nekfeu, Alpha Wann, Guizmo ou encore Sofiane.

Lawid, t’es pas crédible sale fou, t’es pathétique je l’avoue
J’t’efface très vite et j’savoure, j’regarde tes clips et j’t’avoue
Qu’avec tous les boutons qu’t’as, mon BlackBerry est jaloux

dans Rap Conteders vs Lawid (2012)

Six années plus tard, le rappeur de la Coureneuve fait son retour et surprend bon nombre d’observateurs avec l’album Imany. Fini les temps du rappeur clasheur un brin insolent et léger, bonjour l’adulte mélancolique en quête de sens. S’il est nécessaire de lire entre les signes decertains rappeurs pour y déceler une forme de spleen, Dinos nous facilite la tâche. Dans Imany, deux sons font immédiatement référence à Charles Baudelaire : l’excellent Spleen et Les pleurs du mal, un clin d’œil aux Fleurs du Mal.

J’tourne dans la tess’ quand ça va pas
J’envoie des S.O.S. comme Balavoine
J’n’ai que le spleen, pas l’idéal
J’suis taciturne mais ne paniquez pas
Mon cœur est plein d’alinéas Et j’tourne en rond comme un couple à Ikea

dans Spleen (2018)

Taciturne, dites-vous ? Un an après la sortie d’Imany, Dinos sort la première version de son deuxième album : Taciturne. Déjà bien mieux structuré qu’Imany, Taciturne nous offre le récit d’une vie soumise à la fatalité et à une bonne dose de déterminisme social. Avant de rentrer dans le vif du sujet, regardons la tracklist de la première réédition de Taciturne puisqu’une seconde est en préparation.

Question pour vous chez vous à la maison, top : sur une échelle de 1 à 10, à combien estimez-vous la joie de vivre retranscrite dans cet album ? Nous sommes plus proche du 1 que du 10, n’est-ce pas ? C’est bien normal. Taciturne est une ode au spleen, à la mélancolie, aux dommages de l’espoir et à la fatalité. Autant être clair dès le départ : pour saisir l’ensemble des nuances que Dinos apporte à cet album, il faudrait y consacrer une série d’articles tant il y a à dire.

Dinos dans le clip de Flashé, issu de son premier album Imany

Là où Dinos se distingue par rapport aux autres rappeurs de sa générations, c’est à travers la description de son environnement et l’effet que celui-ci a sur les individus qui le subissent. Jules Jomby, de son vrai nom, a grandi à La Courneuve, une commune du 93. La Seine-Saint-Denis était en 2016 selon l’INSEE le troisième département français le plus touché par la pauvreté avec 28,6% de ses habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté. A titre d’information, La Courneuve compte plus de 40% d’habitants en dessous du seuil de pauvreté. Difficile donc de grandir et s’épanouir dans un environnement économiquement pauvre où mêmes les plus prometteurs semblent condamner à l’échec. Une seule monnaie est donc valable, et Dinos la cite à quatre reprises, c’est l’espoir.

Je viens d’là où tout l’monde parle de s’en sortir mais personne veut qu’tu t’en sortes
La nuit tombée, c’est encore pire, c’est amer et c’est la merde

dans OMRI

Mon quartier, c’est la guerre, y’a rien d’neuf à La Courneuve Ç
a fait deux ans qu’l’ancien premier d’ma classe est à Fleury pour meurtre

dans Quand les cailleras prient

« Chez nous, l’espoir c’est l’argent des pauvres » (On meurt bientôt). Pas question pour les habitants de La Courneuve d’accéder à l’argent, alors naturellement ils se tournent vers l’espoir. L’espoir d’une vie meilleure, l’espoir de surpasser son statut social pour espérer atteindre les conditions du bonheur, l’espoir d’une vie idéale.

Mais « le problème du bonheur, c’est p’t-être l’espoir » (OMRI). L’écart réel entre ses conditions de vie et l’espoir de mener une vie faste remplie d’argent, de succès professionnels et personnels, d’amour et tant d’autres choses est si grand que la réalité même prend le dessus sur l’espoir. L’écrasante réalité décrite par Dinos étouffe même l’espoir, seule lueur de soleil dans un environnement terne. L’idéal n’existe pas, ne reste que le spleen de sa réalité.

Heureusement, les lois du déterminisme social ne sont pas absolues : il peut arriver qu’un être humain transcende ses propres conditions sociales pour s’extirper de sa réalité. Dinos l’a fait en acceptant sa réalité, en l’analysant et en la couchant sur du papier pour la rapper. C’est pour cette raison que Dinos parle autant de là où il vient. En l’espace de 30 morceaux, on retrouve à 89 (!) reprises un terme faisant référence à son quartier. Fort heureusement pour lui, la description de son environnement et de ses effets lui ont permis d’atteindre bien plus que l’argent des pauvres : l’argent tout court. Taciturne est rempli de références à l’argent, comme si Dinos réalisait bien plus qu’un rêve en accédant à des revenus élevés.

Chez moi, le ciel est gris, dis-moi qu’il va pleuvoir du biff
J’fais ni d’mal ni d’bien, mon Dieu, juste un peu des deux

dans Slide

Faut savoir que tout ça peut s’terminer un jour, que ces gens qui sont là peuvent te tourner l’dos un jour, tu vois ? Mais on a du biff, tu vois ? J’sais pas si on est vraiment heureux mais, même si c’était pas à refaire, j’le referais Ouais, je le referais, ouais, direct

dans XNXX

Tu sais qu’j’suis riche mais tu sais qu’j’suis triste, Q7, X6, XN, XX

dans XNXX

Alors oui, mais voilà : c’est toujours la même ritournelle. Dinos a beau se décrire comme le nouveau Solaar, il aurait un peu plus dû écouter son idole : L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR. En accédant à la richesse, Dinos espérait s’éloigner du spleen et de la fatalité de son quartier. Que nenni, ô déception, ô désillusion : l’accès à la richesse qui paraissait pourtant si inaccessible n’est pas suffisant pour prendre un nouveau départ et tout effacer. Quand un de nos espoirs les plus chers s’avère être un échec, que nous reste-t-il ?

Moi, j’broie du noir comme une machine a café J’frôle l’hernie discale à cause du poids d’mes péchés Dis-moi qu’y aura plus la rage qu’y aura plus la peste Quand j’crie mon désespoir, on m’entend jusqu’à Budapest

dans Les pleurs du mâle

Quant vient le désespoir, peut venir le spleen et avec lui le réflexe de se demander « à quoi bon ceci, à quoi bon cela ». Le spleen de Dinos vient donc de là : de l’espoir d’un idéal déchu. Le rappeur prend conscience de sa réalité, l’écrit pour la rapper afin de se libérer éventuellement d’un poids mais aussi et surtout pour accéder à la richesse qui, une fois atteinte, ne semble lui suffire.

Ce processus conscient met Dinos dans le spleen comme il mettait ses adversaires des Rap Conterders dans la sauce. Cela a un nom : la conscientisation. Paulo Freire, pédagogue brésilien du XXème siècle écrivait en 1974 un ouvrage nommé Pédagogie des opprimés au sein duquel il développe la théorie de la conscientisation. Celle-ci serait un processus éducatif visant à faire passer un sujet d’une conscience naïve à une conscience critique. La conscience naïve correspond à une conscience quotidienne : elle résulte de l’observation qu’un être humain porte sur son environnement. Cette conscience peut dès lors être fataliste et affirmer que l’injustice que l’on perçoit est normale à différents niveaux ou bien elle peut d’ores et déjà être « rebelle » et affirmer que l’ordre injuste du vécu est, par essence, injuste. La conscientisation intervient au moment où cette conscience naïve se transforme en conscience critique : le sujet se rend ici compte que l’injustice des choses est une réalité sociale. Les oppressés sont oppressés parce qu’ils sont coincés dans des mécanismes sociaux systémiques.

Là où Dinos se distingue, c’est dans l’expression de cette fatalité qu’est l’oppression subie par les gens de son entourage. Même s’il parle évidemment de son spleen, il est intimement lié à l’observation et au sens qu’il donne à la fatalité de son quartier. Son propre succès personnel n’est pas suffisant pour abattre cette réalité sociale. Dinos le sait, le rappe, le pleure.

A la cité il ne reste que moi, tout le monde est à Fleury, tout le monde est à Fresnes

dans Inachevé

Dans leur album respectif, Laylow et Dinos ont porté haut la noirceur du spleen. Ces deux figures du spleen dans le rap français ont compris une chose essentielle : si le spleen est un sentiment que d’aucuns qualifieraient de négatif, il est primordial dans leur processus créatif car il est profondément inspirant.

Tout aussi récemment, dans ZERO DETAIL en featuring avec Nekfeu, Sneazzy confiait la nécessité d’écrire « que quand [il est] au plus bas, [qu’il] n’aime que les sujets tristes ». Autre exemple, Jazzy Bazz sortait en 2012 un morceau intitulé « 64 mesures de spleen » dans lequel il révélait que « C’est quand j’ai du spleen que j’peux déclencher du style ». Dans le même registre, Dinos se sait condamné à écrire son spleen, car c’est l’expression de ce sentiment qui l’a rendu riche. Pour rester dans cette richesse qu’il aime tant, il se doit d’écrire son spleen et donc de le vivre. Enfin, dans la chanson Spleen de Christophe Maé, sortie en 2007, euh, on va s’arrêter là.

Demain si j’vais mieux, j’pourrais plus rien dire
Demain si j’vais mieux, j’n’aurais plus d’inspi

Dinos dans Slide

Plus de 160 ans après la parution des Fleurs du Mal, le spleen s’exprime toujours. L’époque a changé : les artistes qui l’écrivent aussi, les personnes qui l’écoutent et le pleurent tout autant, et la manière de l’écrire ou de le mettre en scène en est totalement transformée. Cela ne change en rien l’intention qui se cache derrière l’expression de ce sentiment : les mots ne sont pas les mêmes mais les maux le sont bel et bien.