Pour l’édition annuelle dédiée aux réalisateurs du magazine W, Cho Yeo Jeong a accepté de faire la couverture du magazine mettant à l’honneur Bong Joon-ho. Les deux autres versions publiées simultanément rendent respectivement hommage à Quentin Tarantino, à travers Margaret Qualley et Mikey Madison, et à Noah Baumbach, réalisateur du récent profond Marriage Story, dans un shooting urbain de l’actrice Debbie Harry.
Dans le somptueux Parasite de Bong Joon-ho, Cho Yeo Jeong interprète l’une des personnages les plus complexes, l’épouse du riche Park Dong-ik en charge du bon fonctionnement du foyer et obsédée par le futur de ses enfants qu’elle veut parfait.
Femme dévouée, frustrée et seule, elle traverse l’intensité folle du scénario imaginé par Bong Joon-ho et Jin-Won Han en laissant le spectateur tiraillé dans la perception qu’il a à son égard. Incarnant à la perfection la mère de la haute société coréenne naïve et si obnubilée par la peur de ne pas voir ses enfants réussir qu’elle ne reconnait plus l’environnement dans lequel elle vit. Cho Yeo Jeong a remporté en Corée du Sud la récompense de meilleure actrice à l’occasion des Chunsa Film Art Awards et des Blue Dragon Film Awards. Une référence en Corée du Sud.
Dans Parasite, Bong Joon-ho dessine des personnalités au traits complexes et dont les vies mènent une quête d’un futur meilleur. Quand M. Park mène une vie caricaturale du chef d’entreprise moderne, la famille Kim elle se bat dans l’idéal d’un avenir moins précaire. C’est dans ce paradigme d’objectifs personnels et collectifs que le personnage de Yeon-gyo (incarné par Che Yeo Jeong) se perd dans le flou provoqué par les vies rythmées de tous les protagonistes. Au sujet de son rôle, le réalisateur Bong Joon-ho déclare : « Cette mère de famille riche rêve d’un monde frais et lumineux, mais elle se retrouve prisonnière dans la prison de verre qu’elle s’est elle-même fabriquée. Elle est obsédée par son fils mais ne le serre jamais dans ses bras. Il n’y a aucune intimité entre eux, peu importe à quel point elle l’aime. »
L’influence de Bong Joon-ho pour ce rôle s’est étendue jusque pour le shooting photo de Che Yeo Jeong avec le magazine W, en proposant des idées et montrant des images d’inspirations basée de son film Mother (sorti en 2009), dans lequel une mère dévouée à son fils fait tout pour prouver l’innocence de ce dernier, déficient mental léger et accusé du meurtre d’une jeune fille.
Les photos prises par Lee Jae Hyuk, coréen lui aussi est auteur des photographies du poster du film, a exécuté le shooting en étroite collaboration avec « Director Bong », pour faire ressortir au mieux les émotions de Cho Yeo Jeong et le symbole de cette mère de famille élégante au manières extrêmement précautionneuses. Le personnage de Park Yeon-gyo est le paradoxe ultime qui représente la complexité tellement voulue par Bong Joon-ho : « Elle est très seule mais cherche un contact intime, elle est apeurée par l’eau mais en a besoin pour nettoyer, elle désire tant caresser son chien sans pouvoir sentir ses poils à travers ses gants ».
En manteau Maison Margiela, robe Louis Vuitton, ou jumpsuit Celine dessiné par Hedi Slimane, Cho Yeo Jeong devient l’illustration visuelle parfaite du cerveau de Bong Joon-ho et du message véhiculé par Parasite. Ces photos d’une sublime élégance la raccrochent encore plus à son personnage, mais sans la présence d’aucun autre acteur autour d’elle, l’émancipe, la magnifie et lui accorde la puissance et le charisme qu’elle ne peut exprimer à l’intérieur du chef d’œuvre architectural dans lequel elle vit avec sa famille.
Commencée en mai dernier lors du 72ème Festival de Cannes, la folie liée au film Parasite s’est expatriée outre-Atlantique à l’occasion de la saison des récompenses qui pourrait très probablement voir le 6ème film de Bong Joon-ho remporter l’Oscar du meilleur film étranger le dimanche 9 février prochain.